Le secteur minier propulsé par l’hydrogène : un avenir propre est à nos portes

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Canada Publication avril 2019

Les changements climatiques et le développement durable constituent de plus en plus des enjeux sociaux, et plusieurs secteurs d’activité sont à la recherche de solutions novatrices pour réduire leur empreinte carbone. 

Parmi ces solutions figure l’utilisation de technologies de l’hydrogène qui, croyons-nous, pourrait jouer un rôle capital dans la transition du marché mondial de l’énergie vers une économie à faibles émissions de carbone. 

Alors que les pressions sociales et économiques exercées sur les sociétés minières s’accroissent, il est clair que ces dernières pourraient devoir aller au-delà des exigences de la loi et des normes environnementales, sociales et autres applicables au secteur si elles souhaitent obtenir, ou conserver, l’approbation sociale dont elles ont besoin pour exercer leurs activités.

Le potentiel de l’hydrogène dans le secteur minier

En se fondant sur la technologie actuelle, l’hydrogène pourrait servir à améliorer les pratiques de développement durable dans les sites miniers.

Voici comment : 

Production et stockage d’énergie

Les technologies de l’hydrogène peuvent offrir des rendements de conversion d’environ 65 % à 75 %, lesquels peuvent se traduire en économies considérables sur la facture d’électricité et en une diminution de la dépendance envers le diésel. 

Les sociétés minières pourraient-elles utiliser des systèmes de production et de stockage d’hydrogène pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre?

Auparavant considérés comme peu réalisables, les rendements de conversion continueront à augmenter au rythme de la croissance du secteur et de susciter l’intérêt dans le cadre de projets de recherche et développement. En plus d’améliorer l’efficacité et la fiabilité sur les sites, le système de stockage peut servir à équilibrer les variations saisonnière et à réduire les coûts en déployant de l’énergie pendant les périodes de pointe et il peut constituer un produit secondaire pouvant être vendu, notamment pendant la fermeture temporaire d’une mine ou à la fin de vie d’une mine. 

Véhicules à pile à combustible 

Parmi les autres possibilités d’utilisation de l’hydrogène sur des sites miniers figure le remplacement des poids lourds fonctionnant au diésel ou à l’essence par des véhicules à pile à combustible alimentés à l’hydrogène gazeux. Des applications récentes de l’hydrogène déployées à plus grande échelle sur de la machinerie lourde par des sociétés comme Alstom et Nikola Corp témoignent de la progression du secteur de l’hydrogène dans le développement de camions lourds fonctionnant à l’aide d’une pile à combustible sans négliger leur puissance. De l’équipement minier et des véhicules de chantier alimentés à l’hydrogène sont actuellement utilisés dans plusieurs mines en Amérique du Nord, et on peut envisager que leur utilisation ira en s’accroissant au fur et à mesure que la technologie sera perfectionnée et mieux développée. Les projections récentes du conseil mondial de l’hydrogène indiquent que l’hydrogène devrait contribuer à réduire de 20 % les émissions de carbone d’ici 2050; l’utilisation de tels véhicules à pile à combustible dans les grands sites miniers pourrait jouer un rôle important dans la mise en œuvre et l’atteinte des objectifs de ces projets en matière de développement durable.

La mise en œuvre de technologies de l’hydrogène est-elle réaliste?

Bien que l’hydrogène réponde à nombre des défis d’approbation sociale auxquels les exploitants miniers font face, de nombreux obstacles liés à la compétitivité des coûts et à l’accessibilité font entrave à sa mise en œuvre à grande échelle. 

Les technologies ne peuvent avoir de succès que si elles sont adoptées. Et les exploitants miniers savent comment atteindre des objectifs financiers et opérationnels avec les outils et les technologies existantes.

Quels sont les incitatifs pour changer? 

Sans une analyse de rentabilité solide et convaincante sur les raisons d’adopter l’hydrogène, ainsi que les connaissances et l’élan nécessaires pour songer à faire des changements, les exploitants pourraient manifester de sérieuses réserves eu égard à la modification de leurs méthodes de travail. Sur le terrain, et en particulier pour les plus petites exploitations, l’utilisation de véhicules à pile à combustible et la production d’électricité à partir de l’hydrogène ainsi que le stockage de l’hydrogène nécessiteraient l’interruption des activités courantes et d’importants investissements initiaux qui, à court terme, pourraient ne pas donner les retombées escomptées. 

À l’heure actuelle, le plus grand défi dans la mise en œuvre des technologies de l’hydrogène est le manque de compétitivité de leurs coûts, ce qui, pour de nombreuses sociétés, les rend extrêmement coûteuses. Un plus grand engagement éventuel des chercheurs et des développeurs à l’égard des technologies de l’hydrogène pourrait les rendre plus accessibles et faire en sorte que les sociétés soient ainsi forcées à se livrer concurrence pour offrir des produits concurrentiels sur le plan des coûts.

Financement durable

Les prêts liés au développement durable permettent à un emprunteur de réduire ses taux d’intérêt après avoir atteint divers jalons en matière d’environnement. Les projets miniers subissent des pressions croissantes de la part des investisseurs de capitaux propres et des fournisseurs de crédit afin de satisfaire à des normes strictes en matière d’environnement, de société et de gouvernance, et c’est là que l’hydrogène pourrait jouer un rôle quant au respect de ces normes. 

Les promoteurs miniers pourraient-ils être incités par leurs prêteurs à opter pour les technologies de l’hydrogène afin d’atteindre certaines normes précises en matière de développement durable, ce qui, en retour, donnerait lieu à des réductions significatives du coût d’emprunt? Les sociétés minières pourraient-elles employer ce type de financement pour contrebalancer les investissements initiaux élevés nécessaires à la mise en œuvre des technologies de l’hydrogène sur leur site? À cet égard, les jalons en matière de développement durable pourraient inclure des ratios cibles de véhicules à pile à combustible utilisés sur le site par rapport à ceux fonctionnant au diésel ou à essence, ainsi que des cibles de réduction des émissions de carbone pour l’ensemble du site. 

Alors que l’intérêt du Canada envers les technologies de l’hydrogène croît, les acteurs du secteur minier peuvent profiter de la sensibilisation à l’égard du potentiel de l’hydrogène pour atteindre des objectifs en matière de développement durable. Connaître les possibilités de financement durable sera de plus en plus pertinent pour les avocats actifs dans le secteur minier puisque les mines font face à des pressions grandissantes de la part des investisseurs et des consommateurs pour réduire leur empreinte environnementale, à défaut de quoi elles risquent de perdre l’approbation sociale dont elles ont besoin pour poursuivre leurs activités. Les professionnels du droit devraient saisir cette occasion pour proposer des solutions novatrices afin d’atténuer les défis liés à l’intégration, notamment le financement et les prêts durables. 

Les auteurs souhaitent remercier Meaghan Farrell, étudiante stagiaire, pour sa participation à la rédaction de cet article.


Personne-ressource

Associée, cocheffe canadienne, Entreprises responsables et durabilité

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