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Infolettre trimestrielle en droit de l’emploi et du travail au Canada
La présente infolettre informera les employeurs des faits nouveaux et des pratiques exemplaires dans le domaine du droit de l’emploi et du travail au Canada.
Mondial | Publication | janvier 2021
Les domaines des droits de la personne, des contrôles à l’exportation et des sanctions sont très dynamiques et ils évoluent rapidement. La présente publication est à jour en date du 22 janvier 2021.
Le 12 janvier, le Royaume-Uni et le Canada ont annoncé de nouvelles mesures concernant les marchandises en provenance de la région autonome ouïghoure du Xinjiang (Xinjiang) dans la République populaire de Chine (RPC). Les mesures incluent des pénalités financières, des contrôles à l’exportation, des interdictions d’importation et des exigences de diligence raisonnable plus sévères, et elles visent à garantir que les entreprises britanniques et canadiennes ne sont pas impliquées dans du travail forcé au Xinjiang.
Le gouvernement du Royaume-Uni a confirmé qu’il était en train de revoir les contrôles à l’exportation de produits applicables aux marchandises qui entrent sur son territoire en provenance du Xinjiang, tandis que le gouvernement du Canada a indiqué qu’il tentera d’imposer un certain nombre de mesures réglementaires interdisant l’entrée et la sortie sur son territoire de produits qui sont issus de chaînes d’approvisionnement impliquant du travail forcé au Xinjiang.
Le secrétaire d’État des Affaires étrangères du Royaume-Uni a également fait savoir que son gouvernement tentera d’instaurer des sanctions pécuniaires qui s’appliqueront aux entreprises qui ne respectent pas les obligations de déclaration prévues dans la loi intitulée Modern Slavery Act 2015 (MSA RU).
En octobre 2020, le Royaume-Uni (et 38 autres pays, dont le Canada) a participé à une déclaration conjointe internationale sur la situation des droits de l’homme au Xinjiang devant la Troisième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil des droits de l’homme. Le mois suivant, soit en novembre, le comité du Royaume-Uni appelé Business, Energy and Industrial Strategy Committee a tenu une audience pour établir dans quelle mesure les entreprises du pays étaient impliquées dans du travail forcé au Xinjiang; plusieurs sociétés ont été appelées à soumettre des preuves.
Le Royaume-Uni a désormais annoncé différentes mesures visant le secteur public et le secteur privé, notamment :
Comme il a été abordé dans notre précédent article (en anglais seulement), le Royaume-Uni s’est engagé, en septembre 2020, à modifier la MSA RU de façon à ce que les six critères devant être abordés dans les déclarations annuelles sur l’ETP des sociétés deviennent obligatoires. Il s’agit là d’un changement important puisque, à l’heure actuelle, les organismes concernés sont uniquement incités, et non obligés, à aborder ces questions1 (p. ex. les politiques, les processus de diligence raisonnable, etc.) dans leurs déclarations sur l’ETP.
La confirmation, le 12 janvier, du secrétaire d’État des Affaires étrangères du Royaume-Uni précisant que le gouvernement prévoyait instaurer de nouvelles sanctions pécuniaires en cas de non-respect de la MSA RU est une autre nouveauté intéressante, surtout parce que le gouvernement avait précédemment annoncé en septembre que l’enjeu de l’application de la loi demeurerait à l’étude2. De même, il faut être conscient que, comme l’article 54 prévoit l’exigence de publier une déclaration sur l’ETP, toute pénalité constituerait pour l’entreprise une sanction pour cause de non-publication d’une déclaration conforme aux exigences techniques prescrites dans la législation.
Le gouvernement n’a pas mentionné qu’il avait l’intention de renforcer la MSA RU afin d’obliger les entreprises à effectuer une diligence raisonnable en matière d’esclavage moderne dans leurs activités et leurs chaînes d’approvisionnement. Au moment où l’UE et certains territoires prennent des mesures pour mettre en œuvre des lois sur la diligence raisonnable obligatoire en matière de droits de la personne, le Royaume-Uni continuera de se voir demander d’adopter sa propre législation en la matière.
Le Canada a récemment modifié le Tarif des douanes qui interdit l’importation, en provenance de tous les pays, de marchandises « fabriquées ou produites », issues en tout ou en partie, du travail forcé ou obligatoire3. Une telle interdiction vise toutes les marchandises (peu importe le pays d’origine) et est appliquée par l’Agence des services frontaliers du Canada et/ou la Gendarmerie royale du Canada. Toutefois, dans sa récente annonce, le gouvernement canadien a fait savoir qu’il considérait que les entités liées au Xinjiang posaient un « risque particulier » et que les importateurs devraient s’attendre à une surveillance accrue des produits et services provenant (ou susceptible de provenir) du Xinjiang.
Dans le même ordre d’idée, s’il existe un risque important que des marchandises exportées du Xinjiang puissent servir à commettre ou à inciter à commettre une violation grave des droits de la personne, Affaires mondiales Canada peut refuser de délivrer des licences d’exportation en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, particulièrement dans les cas où des technologies ou des services canadiens avancés pourraient être utilisés à mauvais escient ou servir à une surveillance de la part d’autorités gouvernementales, à la répression, à la détention arbitraire ou à du travail forcé.
Dans son annonce du 12 janvier, le Canada a également présenté plusieurs nouvelles mesures visant à gérer le risque couru par les entreprises canadiennes qui font le commerce de marchandises produites en totalité ou en partie par la population ouïghoure dans des conditions de travail forcé au Xinjiang. En voici quelques-unes :
L’omission de signer la nouvelle déclaration d’intégrité sur la conduite des affaires avec des entités du Xinjiang ou d’effectuer une diligence raisonnable adéquate de la chaîne d’approvisionnement peut engendrer le refus ou le retrait des services et du soutien du Service des délégués commerciaux d’Affaires mondiales Canada. De plus, une telle omission pourrait mener au dépôt de plaintes auprès de l’une des deux instances canadiennes compétentes en matière de résolution des différends aux termes des normes relatives aux entreprises multinationales et des droits de la personne : l’Ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises et le Point de contact national du Canada pour les principes directeurs de l’OCDE destinés aux entreprises multinationales. Les sociétés qui refusent d’y participer peuvent ainsi se retrouver en situation d’infraction à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et s’exposer à la possibilité que leurs marchandises soient saisies à la frontière, ou se voir imposer des amendes et devoir faire face à la justice.
Il faut souligner que les nouvelles lignes directrices publiées par le Canada renforcent l’idée que le « manque de transparence sur l’origine des marchandises » pendant le processus de diligence raisonnable est en soi un indice de l’existence possible du travail forcé et exige donc une norme élevée de surveillance proactive des fournisseurs d’une société. Cette dernière doit s’assurer qu’aucun travail forcé n’a été accompli dans la production des marchandises, et non simplement rechercher des indices plus évidents d’esclavage moderne. Cette nouvelle donne exigera l’application d’un cadre de diligence raisonnable complet qui permet d’examiner et de surveiller la chaîne d’approvisionnement.
Norton Rose Fulbright a une équipe multiterritoriale d’avocats qui s’est donné comme mandat d’aider les sociétés à discerner les enjeux liés aux droits de la personne et à réagir à ceux-ci. Ce groupe suit l’évolution de la législation sur les droits de la personne et les entreprises à l’échelle mondiale pour les sociétés.
Si vous avez des questions au sujet de mesures de contrôle à l’exportation précises ou des sanctions en général, veuillez communiquer avec David Harris (Londres) ou Stephen Nattrass (Ottawa).
Le paragraphe 54(5) énonce qu’une déclaration sur l’ETP peut inclure de l’information sur : i) la structure, les activités et les chaînes d’approvisionnement de l’organisation; ii) les politiques de l’organisation; iii) les processus de diligence raisonnable de l’organisation, notamment en lien avec sa chaîne d’approvisionnement; iv) les risques liés à l’ETP (précisément les aspects des activités et de la chaîne d’approvisionnement qui sont susceptibles d’entraîner un risque lié à l’ETP) et les mesures prises pour évaluer et gérer ces risques; v) l’efficacité des mesures d’atténuation des risques liés à l’ETP appliquées aux activités ou à la chaîne d’approvisionnement (en faisant référence aux indicateurs de rendement adéquats); et vi) la formation.
Dans le contexte actuel, si une organisation ne respecte pas les obligations qui lui incombent en vertu de l’article 54 de la MSA RU, le secrétaire d’État du Royaume-Uni peut déposer une demande en vue d’obtenir une injonction d’exécution en nature selon le paragraphe 54(11). Le non-respect d’une telle injonction par cette organisation pourrait la placer en situation d’outrage au tribunal, infraction passible d’une amende d’un montant illimité.
Ces modifications ont été apportées en juillet 2020 dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) et elles font concorder les contrôles sur le commerce internationaux du Canada avec ceux des États-Unis qui prévoient déjà différentes restrictions à l’importation en lien avec le travail forcé.
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