Dans notre publication précédente, Est-ce que ça va? La santé mentale des employés pendant cette période difficile, nous abordions certains des principaux enjeux du télétravail pour les employeurs. Devant l’évolution favorable de la situation (vaccination, baisse des cas), les employeurs et les télétravailleurs envisagent un retour physique sur les lieux de travail dans un avenir rapproché. Cet éventuel « retour à la normale » sera tout sauf normal. On peut s’attendre à ce que cette étape entraîne son lot d’anxiété et de difficultés qu’employeurs et employés devront gérer au quotidien. 

De fait, un sondage de Statistique Canada sur la santé mentale effectué au début de la pandémie a démontré que 22 % des Canadiens jugeaient leur santé mentale passable ou mauvaise. Selon un nouveau sondage réalisé en mai 2021 (en anglais seulement) pour la Commission de la santé mentale du Canada, près de 44 % des Canadiens trouvent que l’état de leur santé mentale s’est aggravé depuis environ un an et demi de pandémie. 

Compte tenu de la réalité actuelle, ce texte aborde les principaux éléments dont les employeurs doivent être conscients et qu’ils doivent surveiller afin de protéger la santé mentale des employés qui reviennent physiquement sur les lieux de travail. 

Questions de santé mentale pouvant toucher les employés qui reviennent sur les lieux de travail

Les employeurs doivent être conscients des points suivants pouvant toucher la santé mentale de leurs employés qui reviennent physiquement au travail : 

Préoccupations multiples

Les employés qui reviennent seront distraits. À vrai dire, plusieurs d’entre eux auront été à la maison depuis des mois, entre autres raisons parce qu’ils étaient en télétravail, en congé avec protection de l’emploi ou mis à pied temporairement. On peut s’attendre à ce que la routine de travail normale de nombreux employés ait été chamboulée et qu’ils vivent une pression accrue découlant de leurs responsabilités personnelles.

Garde des enfants

La pandémie de COVID-19 a modifié radicalement la vie de nombreux parents. Bien que la majorité des garderies soient maintenant rouvertes, bien des parents ont modifié leurs dispositions de garde des enfants en fonction de leur nouvelle réalité et de l’évolution de la situation sanitaire. 

De plus, comme septembre est à nos portes, de nombreux parents sont sans doute préoccupés par les dispositions à prendre pour la garde de leurs enfants. Le retour à l’école ou à la garderie partout au Canada pourrait s’effectuer à temps plein ou à temps partiel et les parents pourraient devoir jongler avec davantage de responsabilités cette année pour prendre soin de leurs enfants lorsqu’ils sont à la maison. Bien entendu, l’évolution de la situation relativement aux différents variants pourra aussi toucher les circonstances entourant un retour complet. 

Tragédie

Selon Santé Canada et l’Organisation mondiale de la Santé (en anglais seulement), on compte environ 26 300 décès liés à la COVID-19 au Canada et plus de 4 millions dans le monde. Certains employés peuvent avoir été touchés de près par cette tragédie et avoir perdu un être cher durant la pandémie. Compte tenu des restrictions en place jusqu’à tout récemment pour la tenue des funérailles et les déplacements, certains n’auront pas pu se réunir ni vivre leur deuil. 

Nouvel espace de travail

Selon un sondage de Statistique Canada publié plus tôt au cours de la pandémie, six Canadiens sur dix aimeraient voir la mise en œuvre des mesures suivantes dans leur lieu de travail : 

  • que leur espace de travail soit modifié pour accroître la distance entre les employés; 
  • que leur employeur leur offre de l’équipement de protection personnelle;
  • qu’un dépistage des employés soit fait à l’entrée sur le lieu de travail pour déceler des symptômes.

En effet, depuis le début de la pandémie, les employeurs ont dû réorganiser ou réinventer les espaces de travail pour que la distance nécessaire puisse être respectée et mettre en œuvre d’autres mesures de sécurité. Ainsi, les lieux physiques de travail de certains employés seront différents de ceux qu’ils ont connus avant la pandémie. Dans certains cas, ces changements, bien que rassurants à nombre d’égards, pourront aussi leur causer un choc et se traduire par environnement considérablement différent de ce à quoi ils étaient habitués. Les employés devront s’adapter rapidement aux nouvelles mesures mises en place, ce qui pourrait miner leur énergie et leur patience. 

Changements personnels

Les effets économiques de la pandémie ont entraîné des mises à pied dans diverses entreprises. Par conséquent, certains employés pourraient se retrouver au sein d’une équipe composée de nouveaux collègues et devoir nouer de nouveaux liens de même que s’ajuster à un nouvelle structure hiérarchique. Par ailleurs, certains employés pourraient être inquiets de leur avenir au sein de l’organisation et craindre de perdre leur emploi en raison d’une restructuration.

Conseils pratiques pour atténuer et gérer les risques liés à la santé mentale sur les lieux de travail

Les employeurs peuvent prendre les mesures suivantes pour faire face aux risques susmentionnés, soutenir les employés et favoriser leur santé mentale au moment du retour sur les lieux de travail : 

Promouvoir les ressources offertes 

Il serait judicieux pour les employeurs dotés de régimes de santé ou d’avantages sociaux offrant un soutien en santé mentale ou d’autres ressources de rappeler l’existence de ces ressources à leurs employés. Les employeurs pourraient aussi offrir à leurs employés des ressources additionnelles en cas d’urgence, comme la ligne de crise en santé mentale en tout temps, de même que rassembler et partager les ressources des chefs de file canadiens en santé mentale. Par exemple, l’Association canadienne pour la santé mentale propose plusieurs ressources et façons d’aider les personnes aux prises avec le stress et l’anxiété au travail ou ailleurs.

Surveiller les comportements

Comme nous l’avons mentionné dans notre actualité juridique antérieure, les employeurs doivent demeurer à l’affût des changements de comportement de leurs employés. Dansla plupart des territoires, les employeurs ont l’obligation de se renseigner s’ils remarquent un changement soudain d’attitude ou un comportement inhabituel chez un employé avant de lui imposer des mesures disciplinaires. Il ne s’agit pas d’une exigence prévue par la loi, mais d’une obligation élaborée par les tribunaux des droits de la personne qui a été confirmée par les tribunaux canadiens. 

Pendant la pandémie, de nombreux employés n’ont pu bénéficier des mécanismes de gestion du stress et du soutien sur lesquels ils avaient l’habitude de compter, comme l’exercice régulier, les amis, les collègues et la famille. De ce fait, la consommation d’alcool et de drogues a augmenté tout comme la possibilité de dépendance. Conséquemment, les employeurs doivent être sensibles au fait que certains employés qui retourneront au travail puissent être aux prises avec une dépendance. 

Offrir de la formation

Les employeurs doivent prévoir rehausser les pratiques de leur entreprise, offrir plus formation et donner une orientation plus claire aux employés qui reviendront sur les lieux de travail. Il peut s’agir d’une occasion de promouvoir le respect des nouvelles mesures de santé et sécurité ainsi que de rassurer les employés et de favoriser leur quiétude tandis qu’ils font face à des préoccupations et à des facteurs de stress liés à la COVID-19.

Par exemple, les gestionnaires peuvent fournir des ordres du jour détaillés avant les réunions. En appliquant de telles mesures simples, les gestionnaires peuvent favoriser la communication en milieu de travail, ce qui peut rassurer les employés sur leur place et leur raison d’être dans l’organisation. Dans le même ordre d’idées, les employeurs doivent s’attarder à la façon de former les employés relativement aux nouvelles mesures de santé et sécurité. Certains employés seront inquiets à l’égard de la santé et sécurité sur les lieux de travail et leur montrer que ces inquiétudes sont prises au sérieux par la direction ne peut qu’aider à diminuer toute anxiété connexe.

Faire preuve de souplesse

Une autre façon pour les employeurs d’atténuer le stress et l’anxiété des employés qui reviennent physiquement au travail est d’être attentifs aux demandes et aux besoins d’accommodement, surtout en ce qui a trait aux heures de travail et à l’emplacement de travail physique. Lorsque cela est raisonnablement possible, les employeurs peuvent réfléchir à comment ils pourraient accommoder le mieux possible les employés, notamment pour des motifs familiaux. Bien que ces obligations puissent varier au Canada selon la province ou le territoire, des mesures d’accommodement peuvent comprendre des arrangements de télétravail, des horaires souples de vacances et, dans certains cas, le report de vacances accumulées.

Communiquer efficacement

Les employeurs doivent être particulièrement attentifs lorsqu’ils communiquent avec leurs employés, y compris par courriel. Le courriel est devenu le mode essentiel de communication pour plusieurs. Toutefois, le ton et le contenu d’un message électronique peuvent facilement être mal interprétés. Par exemple, l’expéditeur d’un message soi disant « sec » peut simplement vouloir transmettre des instructions pour une tâche donnée, alors que le destinataire peut croire que l’expéditeur est mécontent et désagréable. Ce type de situation augmente de façon involontaire le stress au travail. Il convient de prendre le temps de rédiger des messages au ton poli et au contenu approprié.

Être attentif et prendre des nouvelles

Soyez attentif aux signes indiquant qu’un employé éprouve des difficultés, y compris les signes de dépendance et autres problèmes connexes ou sous-jacents. Même si le fait de tenter d’obtenir des renseignements médicaux comporte des risques du point de vue juridique et peut être perçu comme une atteinte à la vie privée, les employeurs ne devraient pas avoir peur d’amorcer des conversations respectueuses sur le bien-être des employés. 

À retenir

La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions profondes sur la main d’œuvre canadienne à bien des égards. Les employés retournent physiquement au travail à un moment où ils font face à diverses sources de stress et d’anxiété. Les employeurs peuvent poser de petits gestes significatifs pour favoriser la santé mentale de leurs employés et alléger leur fardeau pendant cette période de transition. Après tout, il est dans l’intérêt de l’employeur d’être proactif et de favoriser la bonne santé mentale de ses employés. 



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